Les guerrières du froid

Société de Communication Atikamekw Montagnais
Société de Communication Atikamekw Montagnais
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Publié le 09 mars 2023


Elles ont traversé le Québec en motoneige. Neuf femmes, dont huit autochtones. Pour continuer d’avancer en bravant le froid et la fatigue, elles ont pensé aux raisons pour lesquelles elles faisaient cette expédition : les femmes disparues et assassinées, les enfants des pensionnats et Joyce Echaquan.

Des femmes sont alignées lors d'une cérémonie. Une femme purifie une plume.

Les neuf femmes de l'expédition ont reçu plusieurs cadeaux lors des passages dans les communautés. À l'arrivée, une plume d'aigle a été remise à chacune pour saluer leur courage, leur tenacité et leur force.

PHOTO : RADIO-CANADA / MARIE-LAURE JOSSELIN

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Marie-Laure Josselin (accéder à la page de l'auteur)Marie-Laure JosselinPublié hier à 15 h 40

12 heures de train, autant en camion. Partie de Kawawachikamach, près de Schefferville, la motoneige de Louise Shecanapish est bien alignée au départ de l’expédition des Premières Nations, à Manawan, dans Lanaudière, 1600 kilomètres plus loin.

Pourquoi amener sa motoneige d’aussi loin? Pourquoi quitter sa communauté si isolée? La raison est simple pour cette Naskapie.

« Pour que les gens nous voient, qu’ils comprennent que l’on compte nous aussi, en tant que femmes et Autochtones. Parfois, c’est un peu comme si on nous oubliait ou qu’on nous mettait de côté! »

— Une citation de Louise Shecanapish

Louise Shecanapish est la coordinatrice culturelle de cette petite communauté dont on parle bien peu. Avec une cinquantaine de motoneigistes, surtout des Autochtones, elle a traversé le Québec sur environ 4000 kilomètres.

Louise Shecanapish regarde la caméra sur une motoneige.

Louise Shecanapish vient d'une des communautés les plus éloignées et méconnues du Québec.

PHOTO : RADIO-CANADA / MARIE-LAURE JOSSELIN

J’ai fait l’expérience du racisme systémique, comme beaucoup d’entre nous. Nous le ressentons partout. Y compris chez nous, explique-t-elle.

Elle précise qu'on ne prend pas toujours au sérieux les Autochtones lorsqu’ils sont malades.

Prends un Tylenol, prends un Tylenol, c’est la réponse souvent entendue, précise la femme naskapie, une ligne fine tatouée au menton.

Cette invisibilité des problèmes que vivent les Autochtones, c’est un peu comme ce Tylenol prescrit quand le mal est bien plus profond. Avec cette expédition, Louise Shecanapish espère envoyer un message fort.

Nous n’allons pas tout changer d’un coup, mais il y a l’espoir que nous soyons entendus, vus, dit-elle. Nous sommes toujours là et nous avons de l’importance. Un par un, peut-être que nous les ferons changer d’avis!.

Le feu sacré

Les femmes de l’expédition étaient les gardiennes du feu sacré. À chaque arrêt, une cérémonie était faite et un feu sacré allumé.

ickode. Icko, c’est la femme, et Ode, c’est le cœur, donc le cœur de la femme. Dans nos enseignements, la femme est celle qui a reçu le premier cadeau du créateur: porter la vie. Cette flamme [de la vie] est représentée dans le feu sacré","text":"Un aîné m’a dit que dans notre langue, le feu sacré, c’est ickode. Icko, c’est la femme, et Ode, c’est le cœur, donc le cœur de la femme. Dans nos enseignements, la femme est celle qui a reçu le premier cadeau du créateur: porter la vie. Cette flamme [de la vie] est représentée dans le feu sacré"}}" style="border: 0px; font-style: normal; font-variant: inherit; font-weight: inherit; font-stretch: inherit; line-height: inherit; font-family: inherit; font-size: 17px; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline; quotes: "« " " »"; box-sizing: border-box;">Un aîné m’a dit que dans notre langue, le feu sacré, c’est ickode. Icko, c’est la femme, et Ode, c’est le cœur, donc le cœur de la femme. Dans nos enseignements, la femme est celle qui a reçu le premier cadeau du créateur : porter la vie. Cette flamme [de la vie] est représentée dans le feu sacré, explique Marilyn Jérôme, une Anishinabe de Lac-Simon.

Marilyn Jérôme observe une autre dame qui la purifie avec une plume et de la fumée de sauge

Marilyn Jérôme lors d'une cérémonie de purification

PHOTO : RADIO-CANADA / MARIE-LAURE JOSSELIN

Cette directrice de l’éducation, de la culture et des sports n’avait pas prévu de participer au voyage. Mais sa sœur, une férue de motoneige, l’a embarquée. La mission de l'expédition et le feu sacré ont été déterminants dans la décision de Marilyn Jérôme.

La veille du départ, Debby Flamand approche du feu et de la sauge qui viennent d’être allumés.

Elle parle dans sa langue. Tous l’écoutent. Seuls la voix de Debby Flamand et le crépitement du feu se font entendre pendant la cérémonie. Cette Atikamekw est la première porteuse du feu sacré, un honneur, précise-t-elle.

Elle aussi est là pour sensibiliser sur les trois causes portées par l'expédition, surtout celle de Joyce Echaquan, qui venait de la même communauté. Son décès en septembre 2020 dans des conditions dramatiques à Joliette nous a fait vraiment très mal, dit-elle. Mais à ce moment précis, elle pense au futur, celui qu’elle veut offrir aux autres générations.

Debby Flamand devant un feu et des personnes autour d'elle.

Debby Flamand s'apprête à commencer la cérémonie du feu sacré à Manawan.

PHOTO : RADIO-CANADA / MARIE-LAURE JOSSELIN

C’est une sorte de réconciliation de faire ceci, explique-t-elle en montrant les personnes autour du feu. Il ne faut pas oublier la future génération qui s’en vient. Il faut travailler sur cette réconciliation, c’est un grand travail sur soi, pour la communauté et toutes les communautés qu’on va croiser.

Debby Flamand a une image en tête en regardant les femmes d’âges différents, de parcours différents, de niveau de pratique de motoneige différent.

« C’est une image de guerrière. [Quand on est] une femme autochtone, il faut démontrer cette force que nous avons. »

— Une citation de Debby Flamand

Les participantes veulent montrer que les femmes autochtones ne sont pas que des victimes. Et en ce premier jour d’expédition, Debby Flamand ne sait pas à quel point ses mots vont résonner, elle qui a fini le périple avec l’humérus cassé.

Quatre personnes sont couvertes de givre.

Debby Flamand (à gauche) et Tiffany Pinette (à droite) entourent deux participants de l'expédition après avoir roulé 14 heures dans des températures glaciales

PHOTO : GRACIEUSETÉ : DEBBY FLAMAND

D’ailleurs, lorsque l’organisation lui a proposé de venir la chercher avec l’hélicoptère de soutien, son regard a tout dit : elle se rendra jusqu’au bout, parfois en larmes à cause de la douleur, mais soutenue par ses nouveaux frères et sœurs, allochtones comme autochtones.

Être un modèle

Wemotaci, une autre communauté atikamekw, accueille l’expédition. Sur les pancartes, on peut lire des mots de félicitations et d’encouragements pour Viviane et Marylène.

Marylène Awashish et Viviane Chilton viennent de la communauté. Si la première est une habituée de la motoneige, la deuxième l’est beaucoup moins. Elle vient d’effectuer les premiers 150 kilomètres de l’expédition et en arrivant, elle se sentait très fébrile.

J’avais hâte de voir mon monde. C’est la première fois que je fais de longues distances. Au début, je m’inquiétais, mais ça n'a pas pris de temps pour que je prenne de l’assurance!, s’exclame Viviane Chilton.

Quand elle arrête le moteur, ses élèves de sixième année l’entourent en quelques secondes et l’accueillent comme une vraie vedette. Viviane Chilton sourit, caresse les visages, touche les épaules.

Viviane Chilton entourée d'enfants.

Viviane Chilton, accueillie par ses élèves à Wemotaci.

PHOTO : RADIO-CANADA / MARIE-LAURE JOSSELIN

Elle leur fait répéter, comme en classe, le but de l’expédition et les différentes causes portées pendant le périple. Outre cela, Viviane Chilton avait besoin de se reconnecter. À force de vivre des expériences, des fois tu perds de vue ta mission, ta vision. J’avais besoin de mieux me retrouver, de me remotiver pour m’impliquer encore plus pour ma communauté. Pour motiver les autres femmes aussi!, dit-elle.

Je suis en mesure d’aller chercher cette bonne énergie pour moi d’abord puis pour les autres. Et en même temps, l’expédition va faire partie de l’histoire. Il ne faut pas oublier ce qui s’est passé, poursuit-elle.

Les enfants demandent à monter sur sa machine. Les parents les avertissent de faire attention. Viviane Chilton les laisse faire.

« Je veux être un modèle aussi. C’est ça, redonner l’espoir aux jeunes, à la jeunesse. C’est un peu pour ça aussi que je fais l’expédition. »

— Une citation de Viviane Chilton

Car toutes ont en tête que les communautés souffrent. Quelques jours après le passage de l’expédition, la communauté atikamekw d’Opitciwan a décrété l’état d’urgence psychosociale.

Vas-y, mets l’autre pied. Ok, une photo les deux ensemble?. Trycia Bazinet, la seule allochtone parmi les femmes, aide deux jeunes filles à monter sur sa motoneige peinte en mauve en l’honneur de Joyce Echaquan.

Une motoneige sur laquelle est dessiné le visage de Joyce Echaquan.

La motoneige de Trycia Bazinet

PHOTO : RADIO-CANADA / MARIE-LAURE JOSSELIN

Trycia Bazinet travaille en éducation sur les enjeux autochtones à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Sa motoneige est un message politique lancé directement aux leaders et à la population, car le Québec n’a pas encore adopté le Principe de Joyce, qui vise à garantir à tous les Autochtones un droit d’accès équitable, sans aucune discrimination, à tous les services sociaux et de santé. Québec a promis « d'y travailler fort » actuellement.

Vous avez vu ce qu’il y a d’écrit ici?, demande-t-elle aux jeunes. "Chaque enfant compte" et c’est pour vous aussi. On fait l’expédition pour chaque enfant dans les communautés!

Quand elle roule, elle accote son pied sur un autre message qu’elle a fait inscrire : Justice pour les femmes autochtones.Je trouve ça très beau, le message passe. Je les trouve courageuses ces femmes, lance Julie Ottawa d'Opitciwan, venue assister au départ.

La sororité

Le soir, la fatigue arrive. Viviane Chilton partage avec une autre femme un léger moment de découragement. Tiens le coup, lui lance la discrète et solide Lynne Mckenzie. Elle vient de la communauté innue de Matimekush-Lac John, près de Schefferville.

Habituée aux grands espaces et aux sorties en motoneige, cette Ranger n’est jamais bien loin quand il y a un coup de main à donner ou une âme à inspirer. Je retiens que le positif. Comme ça, on repart mieux pour la plus belle expérience de ta vie. Tu vas y arriver, lance-t-elle à Viviane Chilton.

Deux hommes travaillent sous une motoneige pendant qu'une femme les regarde.

Des participants innus donnent un coup de main à Tiffany Pinette pour ajuster sa suspension de motoneige sur le trajet.

PHOTO : RADIO-CANADA / MARIE-LAURE JOSSELIN

Chez les Autochtones, peu importe l’événement, il va y avoir cette fraternité, explique Marylène Awashish. Incluant les allochtones. C’est encore plus fort!

Que ce soit un homme ou une femme, souvent un autre participant s'arrête pour l'aider au besoin. Quelques hommes se sont assurés que les femmes soient correctes, mais entre femmes, on gardait un œil sur l'autre. Il y avait toujours une solidarité de base. J'ai beaucoup discuté avec Lynne, qui est super réservée, super pilote. J'ai vraiment aimé la confiance, raconte Trycia Bazinet.

Cette fraternité était nécessaire pour traverser ces longues distances. Le froid qui engourdit les mains et les pieds, les bosses qui tapent le dos, les longues heures à conduire, l’adaptation… Le périple n’était pas facile.

Trycia Bazinet et Tiffany Pinette à genoux dans la neige.

Trycia Bazinet et Tiffany Pinette ont passé de beaux moments de discussions et d'échanges, comme ici, en plein coeur du Nitassinan.

PHOTO : RADIO-CANADA / MARIE-LAURE JOSSELIN

La plus jeune femme de l’expédition, Tiffany Pinette, une Innue de Mani-utenam a pris de l’assurance. Cela se ressent. Cette secrétaire dans une école aime le plein air, la forêt, mais ne faisait pas beaucoup de motoneige.

« J’avais beaucoup de crainte de faire les choses toute seule, d’être toute seule. Je voulais dépasser cela, et en groupe. Pendant l’expédition, j’ai pu voir que j’étais capable de le faire. Que ce n’était pas si dangereux que ça. C’est une belle expérience! »

— Une citation de Tiffany Pinette

Elle a appris à connaître son matériel, comment s’habiller, préparer sa nourriture. Elle s’est noué des amitiés pour la vie, elle a aussi roulé sur le territoire familial.

Opocopa, opocopa. Un Innu s’approche de Tiffany Pinette alors qu’on roule au milieu d’un grand lac en plein Nitassinan, territoire ancestral innu.

Tiffany Pinette sourit en tenue de motoneige.

Tiffany Pinette est heureuse de parcourir le territoire de ses ancêtres.

PHOTO : RADIO-CANADA / MARIE-LAURE JOSSELIN

La jeune femme est prise d’émotion, demande qu’on la prenne en photo. : c’est grand, c’est grand! Je pensais à mon père!","text":"Opocopa, c’est la terre de ma famille. Je ne suis venue qu’une fois par le train. Je suis émue. Je regardais et je me disais: c’est grand, c’est grand! Je pensais à mon père!"}}" style="border: 0px; font-style: normal; font-variant: inherit; font-weight: inherit; font-stretch: inherit; line-height: inherit; font-family: inherit; font-size: 17px; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline; quotes: "« " " »"; box-sizing: border-box;">Opocopa, c’est la terre de ma famille. Je ne suis venue qu’une fois par le train. Je suis émue. Je regardais et je me disais : c’est grand, c’est grand! Je pensais à mon père!

Les journées sont longues, on mange peu, on boit peu, lance Peggie Jérôme, la sœur de Marilyn. Peggie avait hâte de décoller pour découvrir et explorer le territoire des nations, voir les gens, les familles.

Cette passionnée de motoneige est très ancrée dans ses racines et voulait le montrer. On existe, on est encore là, on pratique nos traditions, notre culture, précise-t-elle.

Une bande de motoneigistes de dos.

L'équipe de l'expédition Premières Nations observe le chemin à prendre pour continuer dans le hors piste en territoire innu.

PHOTO : RADIO-CANADA / MARIE-LAURE JOSSELIN

Chaque matin, malgré une blessure, ses yeux pétillent et son rire retentit, comme souvent. Ça me fait chaud au cœur de voir le monde. On est vraiment mélangés, il y a des gens de différentes nations autochtones, des Québécois, l’armée et même des journalistes français, dit-elle. J’espère que ça va aider les gens à venir nous voir, nous découvrir aussi parce qu’on est bon, on est bienveillant.

9 femmes, 9 plumes

Près de 4000 kilomètres plus loin, des centaines de personnes sont présentes à Mani-utenam pour les célébrer. L’accueil est extraordinaire, époustouflant, lance Peggy Jérôme. De voir l’émotion des gens, les cris, les pleurs, la fierté. C’est beau!.

« C’est beau de voir la réconciliation, on dirait que ça s’est fait au cours du voyage! »

— Une citation de Peggie Jérôme
Trois femmes écoutent fièrement le tambour.

Peggie Jérôme et sa soeur Marilyn ainsi que Tiffany Pinette écoutent le tambour marquant le début de l'expédition à Manawan.

PHOTO : RADIO-CANADA / MARIE-LAURE JOSSELIN

L’expédition se termine par un banquet où les femmes ont toutes reçu une plume d’aigle des mains de Joan Wylde dont la sœur, Sindy Ruperthouse, est portée disparue depuis des années.

C’est un grand geste de confiance qui m’a été offert, mais aussi une responsabilité de continuer de protéger les femmes et de continuer d’en parler autour de moi. Il faut que le Québec entier n’oublie pas Sindy et les autres, ces familles qui attendent toujours que l’enquête avance, explique Trycia Bazinet.

Recevoir une telle plume en tant que personne non autochtone l’a particulièrement touchée. Cela signifie ce que le monde pourrait être. Donc la confiance mutuelle qui pourrait vraiment se rebâtir, sans les trahisons de l’histoire coloniale. Une vraie relation réciproque.

Elle-même a vécu de la violence. Elle veut utiliser sa voix pour protéger les femmes qui peuvent être encore plus vulnérables dans une société coloniale.

Trycia Bazinet et Joan Wylde s'enlacent.

Trycia Bazinet a enlacé de longues minutes Joan Wylde quand elle a reçu sa plume.

PHOTO : RADIO-CANADA / MARIE-LAURE JOSSELIN

Dans le train qui la ramène de Sept-Îles, la Naskapie Louise Shecanapish aime regarder les rivières et les montagnes, ce paysage absolument magnifique. Jamais dans ses rêves les plus fous, elle n’aurait pensé traverser toute cette beauté en motoneige un jour.

Je suis tellement fière de tout ce qui a été accompli de la ligne de départ à la ligne d’arrivée, en toute sécurité et en famille! écrit-elle. N’oubliez jamais, dans les moments difficiles, à quel point vous êtes forts et que vous pouvez surmonter tout ce que la vie vous réserve!

Elle estime avoir été entendue par certains. Mais nous pouvons toujours faire plus pour être entendus par d’autres. Nous devons éduquer et travailler ensemble en tant qu’Autochtones et avec les non-Autochtones­. Nous devons faire plus et nous avons besoin de l’aide des non-Autochtones.

Une femme en motoneige de dos.

La Naskapie Louise Shecanapish s'est dite fière de tout ce qui a été accompli pendant cette expédition. 17 jours qui n'ont pas été de tout repos.

PHOTO : RADIO-CANADA / MARIE-LAURE JOSSELIN

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